Des mots pour faire tomber les barrières raciales

 

« Des femmes musiciennes, des femmes qui créent et écrivent, dansent et tissent, cuisinent et font fonctionner leur communauté. Des femmes qui enseignent et qui introduisent la poésie dans leur vie. Des femmes qui sont pleinement engagées dans le changement, les luttes, les solutions. »


C’est ainsi que la poétesse équatorienne Jennie Carrasco Molina décrit les participantes à la réunion extraordinaire d’artistes latino-américaines autochtones, noires et métisses, parrainée par le Fonds pour la réalisation des OMD afin de donner la parole à un groupe historiquement invisible.


« Les écrivaines urbaines se sont nourries de la poésie des campagnes, les jeunes femmes des vers de leurs aînées, les femmes de lettres noires de l’apport des femmes autochtones, les femmes indigènes de la force des Noires. Tout le monde s’est enrichi et renforcé pour continuer à écrire et à chanter », raconte-t-elle à propos de ce deuxième Congrès international des écrivaines autochtones, métisses et afro-américaines.


Vingt femmes de lettres venues du Brésil, de Colombie, de Cuba, d’Équateur, du Mexique, du Nicaragua, du Pérou et du Venezuela se sont rassemblées à Quito à la mi-novembre pour célébrer la publication de l’anthologie « Un collier de lunes et d’histoires », composée de poèmes écrits par des femmes autochtones d’Amérique latine.


Les femmes métisses, autochtones et noires ont un passé de silence et de ségrégation en Amérique Latine – plus encore lorsqu’elles sont des artistes. En Équateur par exemple, les femmes de lettres autochtones et noires ne sont pas représentées dans les anthologies, ne participent pas aux concours littéraires, et ne sont pas non plus membres des associations d’écrivains.


Pour Lara Barbarita, une écrivaine de la vallée du Chota en Équateur, il est temps de redonner la parole aux femmes qui sont « sous-estimées, sans visage, sans voix, sans lieu d’expression et qui ne sont pas reconnues pour leur réflexion et création littéraire ». Elle s’est également déclarée transformée par le symposium.


Cette conférence est le fruit d’une collaboration entre le F-OMD et les pouvoirs publics équatoriens, visant à encourager le dialogue interculturel et à réduire la discrimination et l’exclusion sociale des minorités et des groupes défavorisés, dont beaucoup vivent dans la pauvreté avec un accès limité à l’éducation, à la santé et aux opportunités économiques. La mission du F-OMD est d’aider les pays à atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement visant à réduire la pauvreté et à améliorer les conditions de vie, en mettant un accent particulier sur les communautés les plus marginalisées et démunies.


L’Équateur est un pays où se côtoient diverses ethnies. Les Métis ou Mestizos – descendants des colons espagnols et des peuples autochtones – représentent 65 % de la population, le reste étant composé d’Amérindiens, d’Afro-équatoriens et de descendants directs des colonisateurs espagnols. Les Afro-équatoriens souffrent particulièrement de la pauvreté et de l’exclusion.


« La conférence nous montre la voie vers un nouveau monde, loin de la violence et de la discrimination, dit Jennie Carrasco, qui a été le fer de lance de la compilation de la centaine de poèmes de l’anthologie. Dans la voix des écrivains, il y a une force qui vous entraîne vers d’autres dimensions, vers un autre niveau de conscience, vers la magie et la fraîcheur des anciens habitants de ce continent. »


Ce congrès de trois jours s’est concentré sur les questions d’ethnicité et d’identité, sur les différences et les similitudes, mais aussi sur les points de rencontre entre les groupes. Les participantes ont discuté de la façon dont la culture métisse urbaine influence la littérature autochtone, de propositions pour que les politiques publiques encouragent la diffusion des traditions orales et l’utilisation écrite des langues autochtones, ainsi que de l’influence des divinités africaines sur la littérature.


« Cela a été une rencontre pleine de dignité, souligne l’écrivaine brésilienne Eliane Potiguara », pour qui les cultures autochtones ont toujours été marginalisées par les patrons brésiliens de la culture et à cause de l’intolérance et de la discrimination perpétuées par la culture dominante de son pays. « Cette conférence nous a redonné l’estime de nous-mêmes en tant que femmes… à nous qui avons souffert depuis si longtemps et avons vu les larmes de nos grands-mères. »


D’autres participantes expliquent que la conférence leur a offert une rare opportunité de parler le même langage, sans différence entre les Noires, les Indiennes et les Métisses.


« La poésie est comme un cri, une force irrésistible, une nouvelle peau. C’est un moyen extraordinaire de secouer les structures en place. La poésie est la conscience sociale, souligne la Brésilienne Cristiane Sobral, qui dit avoir tiré des leçons des similitudes et des différences entre les luttes des femmes autochtones et noires. Que nous soyons Indiennes, Métisses ou Afro-américaines, nous pouvons réinventer, imaginer et nous battre pour un monde meilleur. »


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Sept agences des Nations Unies participent au programme conjoint « Développement et diversité culturelle pour la réduction de la pauvreté et la promotion de l’inclusion sociale » conduit par le ministère de la Coordination de l’héritage équatorien. Ce programme est actif dans neuf provinces pour promouvoir la valorisation de la culture, l’inclusion et le dialogue interculturel, et combattre la discrimination et l’exclusion basées sur l’ethnicité ou la culture.


Le F-OMD soutient trois autres programmes conjoints de l’ONU en Équateur dans les secteurs de l’environnement, de l’eau et assainissement, ainsi que de l’emploi et de la migration des jeunes.



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