Les chiffonniers d'Orellana protègent l'environnement tout en gagnant leur pain

 

Digna Valencia se souvient encore de ces journées d'il y a presque 35 ans, où elle a commencé à trier les ordures sur la décharge municipale d’Orellana, une ville de la forêt amazonienne de l'Équateur, située à 300 kilomètres de Quito. « C'était un très dur labeur… Nous devions tout descendre nous-mêmes avec nos chevaux. Les gens nous ignoraient. Le pire travail qu'on puisse imaginer ! »

C’était en 1977. Digna Valencia et cinq autres chômeurs d'Orellana avaient trouvé dans le tri des ordures un moyen de nourrir leurs familles. « Quand nous avons commencé, les gens disaient : “ ils vont juste s’épuiser et ne réussiront jamais”… [mais] moi je disais : ” ce n’est pas mon genre de laisser tomber. Nous allons leur montrer que quand on veut on peut et que Oui, nous y arriverons ! », se rappelle-t-elle.
Elle avait raison. Leurs efforts ont rapidement reçu l'approbation de la municipalité. Aujourd'hui, l'Association pour le recyclage d’Orellana (ARO) compte 19 partenaires et six employés qui collectent, trient et vendent chaque mois des tonnes de déchets inorganiques solides.

Le projet est soutenu par un programme conjoint des Nations Unies, financé par le F-OMD. Ce programme aide à préserver l'environnement et à améliorer la qualité de vie des communautés vivant dans la réserve équatorienne de biosphère de Yasuni, dont la biodiversité est unique au monde.

Avec l'appui du F-OMD, l’ARO a récemment lancé une campagne de communication, à la radio, dans les écoles, et de porte-à-porte, pour sensibiliser les 45 000 habitants d’Orellana à cet effort de recyclage.

« Avant le programme de Yasuni, les gens ne savaient pas comment trier leurs ordures, ni qu’elles devaient être séparées pour pouvoir être recyclées, explique Palmira Mina, la coordinatrice du projet ARO. Avant la campagne, nous recyclions huit tonnes de carton par mois, et aujourd'hui, nous en recyclons le double. »

D’après le Consortium des municipalités de l'Amazone et des Galápagos, Orellana produit environ 34 tonnes de déchets par jour, dont plus de 5 tonnes sont recyclées, principalement le papier, le carton, les plastiques et les métaux. L’ARO recycle près de 80 % de la ferraille de la ville, 40 % du papier et carton, et près d'un tiers des plastiques, qui sont ensuite revendus à des entreprises locales.

« En retraitant ces matériaux recyclés nous contribuons à l'assainissement et aidons à réduire la pollution produite par ces déchets », note Maria Eugenia Torres, la présidente de l’ARO. L'association a commencé à distribuer 30 000 poubelles aux habitants d’Orellana pour leur permettre de trier leurs déchets, et la ville a mis à sa disposition un terrain de 5 hectares pour y construire des installations de stockage et de tri.

Plus important encore, l’ARO tente de se passer des intermédiaires auxquels elle vendait traditionnellement ses matières recyclables, afin de pouvoir en demander un prix plus élevé et d’augmenter ainsi les revenus de ses travailleurs.

Le ramassage des ordures est quotidiennement effectué par trois équipes, à l’aide d’un tracteur appelé « le kangourou » et de quatre tricycles que le personnel d’ARO utilise pour se déplacer dans Orellana. « Nous tenons un registre où nous notons les endroits où nous ramassons les ordures », explique Digna Valencia, aujourd’hui vice-présidente de l’ARO. « Je me réjouis des bons résultats que nous obtenons », ajoute-t-elle avec la fierté que donne un travail bien fait.

L'association et ses entrepreneurs voient déjà plus loin et ont introduit une demande de permis pour transporter leurs produits d’Orellana à Quito, afin de pouvoir les vendre directement aux entreprises de la capitale.

Plus remarquable encore, l’ARO est fière d’être capable d’assurer les moyens d’existence de ses travailleurs. « Plus nous nous étendrons, plus nous pourrons employer de personnes, dit Digna Valencia. L'ambition de notre association est de donner du travail à ceux qui en ont réellement besoin. Des familles sont arrivées ici absolument dénuées de tout, et tant mieux si nous pouvons leur donner du travail. »

Le but du F-OMD est d’œuvrer aux côté des pays pour accélérer la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement, huit cibles de réduction de la pauvreté que la communauté internationale s'est engagée à atteindre pour 2015. En Équateur, le F-OMD soutient quatre programmes conjoints des Nations Unies, travaillant avec l’État et la société civile à améliorer les moyens d'existence et les conditions de vie, à réduire les inégalités et à protéger l'environnement.

Le projet d'appui à l’ARO fait partie du programme de conservation et de gestion durable du patrimoine naturel et culturel de la réserve de biosphère de Yasuni, mis en œuvre en collaboration avec le ministère de l'Environnement, l'Unesco, le PNUD, ONU-Habitat, l’ONU Femmes, l’OMC et la FAO.

Cliquez ici pour lire ce que fait le F-ODM en Équateur.
 

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