L'art au service de la paix au Guatemala
« Pourquoi ne faisons-nous rien contre toute cette violence ? Pourquoi n'écoutons-nous pas ce qui se passe autour de nous ? Pourquoi ne comprenons-nous pas que nous sommes tous en train de pleurer en silence ? », se demande Julio Barrutia, un artiste guatémaltèque, à propos de son pays qui a subi une hausse effrayante de la violence à l’issue de trente années de guerre civile.
Une pauvreté omniprésente, des armes partout disponibles et la faiblesse des systèmes policier et judiciaire ont permis au Guatemala d’afficher aujourd'hui l'un des taux de crimes avec violence les plus élevés de toute l'Amérique latine : l'année passée, rien que la capitale, Guatemala, enregistrait 55 meurtres par semaine. Les jeunes sont tout particulièrement touchés par ces violences : la grande majorité des criminels et de leurs victimes ont entre 18 et 35 ans.
« On n’en peut plus. À cause de cette violence, nous avons peur de sortir de chez nous. Et ce n’est pas comme ça que les choses devraient se passer », ajoute Barrutia, qui est à la tête de l'organisation culturelle Ixtab Alob.
C'est tout cela qui l’a amené à agir. Avec l'appui du F-OMD, Ixtab Alob et d'autres institutions artistiques utilisent la musique, le théâtre et la danse pour détourner la jeunesse de l'attrait exercé par les gangs et la violence.
« Malheureusement, pour une grande partie de la jeunesse, être ‘jeune’ ne signifie pas grand-chose », explique l'acteur et présentateur radio Fabio Díaz, qui donne des cours dans le cadre d'ateliers du Collège des arts de l'Université San Carlos, également organisés avec le soutien du programme du F-OMD. Díaz accuse le manque extrême d'opportunités et de ressources destinées aux jeunes dans un pays où 70 % de la population a moins de 30 ans.
Aldor Divassi, le directeur de l'école de musique Alarte, un autre programme bénéficiaire, est du même avis. « C'est bien de là que vient le danger : comme ils n'ont aucun moyen de canaliser leur énergie, les jeunes accumulent de la colère et finissent par devenir violents. » Pour Divassi et Barrutia, les médias bombardent en permanence la jeunesse guatémaltèque d’images négatives, bourrées de stéréotypes générateurs de confusion et d'isolement et en fin de compte destructeurs.
L’art permet d’entamer un dialogue avec les jeunes, un des nombreux objectifs poursuivis par le programme « Consolider la paix au Guatemala par la prévention de la violence et la gestion des conflits ». Celui-ci est financé par le Fonds pour la réalisation des OMD et implique six agences des Nations Unies, cinq institutions étatiques et des organisations locales.
À travers des initiatives visant à faciliter le partage des connaissances, à créer des espaces de participation des citoyens et à encourager l'échange d'idées, ce programme conjoint aide à mettre en place des politiques de lutte contre la violence à l’égard des jeunes, des femmes et des enfants, renforce l'état de droit, améliore la sécurité, et réduit les conflits. En plus d'encourager les jeunes à participer à des activités artistiques, le F-OMD appuie le programme pilote Safer Cities (des villes plus sûres) en cours dans trois municipalités, un système d'alerte précoce ainsi que d'autres initiatives.
« Il ne s'agit pas de stigmatiser la violence des individus mais d'encourager le changement en chacun d'entre nous, explique Maria Velázquez, qui étudie la danse au Collège des arts de l'Université San Carlos. C'est merveilleux de voir l'enthousiasme des gens quand je danse. Je me retrouve dans un autre monde. La danse m’a offert un moyen de m'exprimer ; sur la scène, vous pouvez presque tout exprimer, vous vous sentez libre, surtout quand c’est fait avec passion ».
Cliquez ici pour regarder une vidéo de lutte contre la prolifération des armes à feu au Guatemala, produite avec le soutien du F-OMD.