L’union fait la force au Nicaragua

 

Jusqu’à récemment, les femmes de Venus, une petite communauté du nord-est du Nicaragua, passaient une partie de leur journée à chercher et transporter de l’eau. Bien qu’elles soient entourées de fleuves jaillis de la plus importante forêt tropicale d’Amérique centrale, la Biosphère de Bosawas, les populations vivant ici n’avaient pas l’eau potable.

Cela, c’était avant que Fátima Luna, 24 ans, et ses voisines, ne décident de mettre fin à cette situation. Elles ont contacté le maire de la municipalité de Bonanza, dont elles dépendent, et lui ont proposé de créer le Comité pour l’eau potable de Vénus (CAP), un réseau qui procurerait le précieux liquide à tous les habitants.

« Lorsque nous avons présenté le projet, la plupart des femmes y ont apporté leur adhésion, tellement c’était nécessaire », explique Luna, la coordinatrice du comité. Et d’ajouter fièrement : « Quand on nous a dit que le Fonds-OMD nous donnerait de l’argent et que nous avions 90 jours pour poser les tuyaux, nous avons décidé d’empoigner nos pelles et nos bêches. Résultat : en 45 jours, c’était fait. »

Le projet communautaire d’alimentation en eau de Venus est une initiative du Programme conjoint des Nations Unies « Gouvernance économique démocratique dans le secteur de l’eau et de l’assainissement dans les deux régions autonomes RAAN et RAAS du Nicaragua », un des six programmes que le Fonds pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (Fonds-OMD) finance au Nicaragua afin de l’appuyer dans sa lutte contre la pauvreté et pour la réduction des inégalités.

Le programme a organisé des ateliers sur l’eau et l’assainissement à l’intention des dirigeants des communautés à majorité autochtone ou d’ascendance africaine qui vivent dans la Région autonome de l’Atlantique Nord (RAAN), où moins de 20 pour cent de la population a accès à de telles commodités.

« C’est surtout chez nous, dans nos foyers, que nous en avons ressenti l’impact, car c’est nous qui avons le plus besoin d’eau, raconte Luna, la coordinatrice du CAP. Nous les femmes, nous savons quels sont nos besoins, puisque nous utilisons de l’eau pour 90 % de nos tâches domestiques. »

Mais le projet ne s’est pas fait sans difficultés. « Le problème, c’est que la communauté est située dans une zone minière, et il y a énormément de roches », explique Francisco Reyes, directeur de l’infrastructure. Il nous est arrivé d’en casser pendant des journées entières rien qu’avec des ciseaux et des maillets. Mais cela ne nous a pas découragés, au contraire. Cela a soudé la communauté, car lorsqu’une famille rencontrait ce genre de problème, ceux qui avaient déjà bien avancé dans la pose de leurs tuyaux venaient les aider. »

Le plus difficile a été de récolter la quote-part des habitants de Venus et d’Unión, le village voisin, pour l’installation du réseau d’eau. Mais cet obstacle s’est, lui aussi, révélé une chance.

« Nous avons décidé de ne faire qu’un pour ce projet, se rappelle Reyes. Aujourd’hui, notre communauté s’appelle Venus Unión, au lieu de Venus tout court, car nous avons dû nous unir pour faire avancer les travaux. »

La communauté a apporté 296 000 córdobas (11 800 dollars) au projet, dont bénéficient plus de 400 personnes, et le programme conjoint a contribué une somme supplémentaire de 1,6 millions de córdobas (64 000 dollars).

Le système d’adduction d’eau Venus Unión constitue l’une des initiatives du programme conjoint. Dans la Région autonome de l’Atlantique Sud (RAAS), sur la côte sud-est, le Fonds-OMD a récemment apporté son appui à l’installation de systèmes d’assainissement dans une école et dans la ville balnéaire d’Awas. Dans les deux cas, ce sont les utilisateurs qui se chargent de l’entretien.

Sept agences de l’ONU participent au programme conjoint (UNESCO, UNCDF, UNICEF, UNODC, PNUD, OIT et PAHO), qui appuie les efforts du gouvernement du Nicaragua pour améliorer la couverture nationale et régionale en eau potable et en assainissement. Cela fait partie du mandat du F-OMD, qui est d’aider les pouvoirs publics à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement visant à réduire la pauvreté et à améliorer les moyens de subsistance dans le monde entier, en tâchant tout particulièrement de toucher les populations les plus marginalisées et les moins bien desservies.

Le programme, qui opère dans huit municipalités (quatre en RAAN et quatre en RAAS), cible particulièrement l’Objectif du Millénaire pour le développement 7, qui veut préserver l’environnement et voir diminuer de moitié le nombre d’individus n’ayant pas accès à une eau potable et un assainissement sûrs d’ici 2015.

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