L'art aide des prisonniers uruguayens à se réinsérer dans la société
Des fonctionnaires du Centre National de Réhabilitation d’Uruguay ont adopté une approche créative pour aider les détenus proches de la libération à se préparer à la vie hors des murs : la comédie musicale.
“Ça a changé ma vie !” dit Enrique, en parlant de sa décision de se joindre à “La Copadora”, la murga de la prison. Cette forme de spectacle musical se distingue par des costumes élaborés et colorés et, souvent, par des commentaires sur l’actualité.
La murga, le théâtre, la littérature, la radio, l’art et la photographie sont promus par la Direction Nationale de la Culture (DNC) dans tout l’Uruguay, avec le soutien du Fonds pour la réalisation des OMD. Un accent particulier est mis sur la population carcérale du pays.
Le principe est simple : ceux qui sont condamnés à passer une partie de leur vie derrière des barreaux perdent leurs droits de citoyens, mais pas leur droit à l’art et à la culture – décrits par le directeur du DNC, Hugo Achigar, comme des outils essentiels pour se réinsérer et reconstruire leur vie. Les murgas offrent aux détenus un espace fondamental dans lequel ils interagissent et s’expriment librement.
“La Copadora” est l’une des initiatives soutenues par le programme conjoint des Nations Unies “Live culture”, qui vise à promouvoir et développer le secteur culturel en Uruguay, à créer des emplois et à améliorer l’accès aux biens et services culturels pour les citoyens les plus exclus. Parmi ceux-ci, on compte les prisonniers qui cherchent à se réinsérer dans la société.
“Espace culturel urbain” est une autre initiative appuyée par le programme. Ce centre en plein cœur de Montevideo a donné un exutoire artistique à près de 300 personnes sans abri depuis août 2010, grâce à des activités qui vont des ateliers littéraires à des projections de films, en passant par des concours de chant et des lectures.
Un des résultats les plus significatifs de cet effort pionnier a été de créer un sentiment d’appartenance pour des gens qui se trouvent généralement en marge de la société, et de leur donner l’opportunité non seulement de passer un bon moment, mais aussi de développer des aptitudes et de créer des liens émotionnels avec d’autres personnes.
Le programme culturel conjoint est une collaboration entre le gouvernement uruguayen et cinq agences de l’ONU (l’UNICEF, l’UNESCO, l’ONU Femmes, l’ONUDI et l’UNFPA) et contribue à l’effort du F-OMD pour aider l’Uruguay à réaliser les Objectifs du Millénaire de réduction de la faim et de la pauvreté et de promotion de l’égalité des genres.
Pour Enrique, avoir la chance de participer à la murga soutenue par le F-OMD ne lui a pas seulement enseigné de nouvelles aptitudes, cela lui a aussi inspiré “force et désir de vivre”. Une fois libre, dit-il, il rêve de fonder sa propre murga.