Autonomiser les agriculteurs et lutter contre les inégalités au Pérou
Les enfants autochtones des régions isolées du Pérou sont parmi les plus défavorisés de la planète : dans certaines régions, la moitié des enfants souffre de malnutrition chronique et un grand nombre d’entre eux sont anémiques et ont des carences en vitamine A.
Des inégalités extrêmes associées à une absence de services, à des routes et des écoles de médiocre qualité, et aux pires indicateurs sociaux et sanitaires, offrent à ces jeunes de sombres perspectives.
Malgré tout, des agriculteurs comme Luis Antonio Arone Leòn (40 ans), dont la région d’Ayacucho a été dévastée durant la guérilla, sont aidés par le Fonds-OMD pour inverser la tendance. À travers des programmes de formation tels que les Écoles pratiques d’agriculture de terrain, ils apprennent de meilleures techniques agricoles et de gestion qui amélioreront la santé et la nutrition de leurs enfants.
« Je me suis engagé vis-à-vis de ma communauté à l’aider à sortir de la pauvreté causée par la violence politique », déclare Arone, président de la Corporation pour le développement communautaire de son village de Chullcupampa. « Notre croissance se fait à travers l’École pratique d’agriculture de terrain, et nous apprenons qu’en plantant un acre de semis nous pourrons sortir de la pauvreté. »
Donner des moyens aux agriculteurs
Un enfant de moins de 5 ans sur trois souffre de malnutrition chronique dans la région d’Arone. Un programme conjoint des Nations Unies financé par le F-OMD travaille ici et dans trois autres régions du Pérou au renforcement des capacités des travailleurs sociaux, des professionnels de la santé, de l’agriculture et des techniciens, pour aider les familles à améliorer leurs méthodes d’agriculture et d’élevage.
« Nous avons appris à fumiger, à préparer du compost, à employer des méthodes biologiques et à lutter contre les ravageurs pour accroître notre production », déclare Arone qui a été formé par le programme conjoint en tant que facilitateur pour transmettre cette formation aux autres agriculteurs de sa communauté. « Nous partageons des connaissances, nous dialoguons pour apprendre des techniques agricoles, nous rassemblons nos idées et ce qui en ressort est parfait. »
Et la valeur de la formation ne se limite pas à l’agriculture. Arone explique : « Nous avons appris des choses liées à l’agriculture, mais nous avons aussi appris des choses qui nous aident à organiser la communauté. »
Le Programme « Améliorer la nutrition et la sécurité alimentaire de l’enfant péruvien : une approche basée sur le renforcement des capacités » fait partie de l’effort F-OMD pour lutter contre les inégalités dans le monde et aider les gouvernements à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement contre la pauvreté.
Lutter contre les inégalités
C’est au Pérou qu’existent les plus grandes inégalités en Amérique latine qui est la région où l’inégalité économique est la plus marquée. Dans la région côtière d’Ica, par exemple, 15 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, taux qui atteint 85 % dans la région voisine de Huancavelica où de nombreuses populations autochtones habitent.
Pour réduire ces différences, le F-OMD finance des programmes au Pérou pour améliorer les revenus des foyers à travers une meilleure nutrition, la gestion du changement climatique, l’augmentation de l’emploi chez les jeunes, et le développement de la culture.
À ce jour, les Écoles pratiques d’agriculture sur le terrain ont formé 197 facilitateurs qui à leur tour ont servi 4 661 familles pauvres dans les régions d’Ayacucho, d’Apurimac, de Huancavelica et de Loreto. Le programme se base sur des concepts tels que l’inclusion, la recherche rurale et la participation ; les facilitateurs acquièrent également des connaissances intersectorielles dans des domaines tels que la Santé, la Nutrition, la Gestion des risques et les meilleures pratiques en agriculture.
Domingo Diaz Cisneros, un technicien du Ministère de l’Agriculture et un facilitateur formé par le programme, explique que la méthodologie des Écoles pratiques d’agriculture sur le terrain consiste à construire un lien de confiance solide entre les formateurs et les agriculteurs, lien qui se noue en appréciant et en honorant les connaissances ancestrales des agriculteurs et en faisant participer les formateurs au cycle entier des plantations et de l’élevage des animaux.
Au début, dit Cisneros, de nombreux paysans ne croyaient pas que l’assistance technique puisse améliorer leurs méthodes de culture, mais, grâce à la formation, ils ont rapidement été convaincus : ‘Maintenant, il y a des personnes qui viennent me demander de les former, » dit-il.
Le programme améliore aussi l’existence des femmes de la région : “Auparavant, il n’y avait pas d’égalité entre les sexes dans la communauté,” affirme Arone de Chullcupampa. “Les femmes faisaient l’objet de discriminations, car l’on pensait qu’elles ne travailleraient pas dans les champs. Mais l’École pratique d’agriculture sur le terrain nous a appris que le travail est aussi bien fait, et maintenant nous nous y rendons même avec nos enfants,” ajoute-t-il.
Améliorer la nutrition et la sécurité alimentaire
“Améliorer la Nutrition et la Sécurité alimentaire de l’enfant péruvien : une approche basée sur le renforcement des capacités” est une collaboration entre le gouvernement péruvien et l’UNICEF, l’OMS, l’ONUDC, le PAM et la FAO. Elle soutient les efforts du Pérou pour améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition dans les quatre régions les plus pauvres du pays en accélérant la mise en œuvre de la Stratégie nationale “CRECER”.
Le Programme s’intéresse aux racines sociales de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition à travers des interventions intégrées, en ciblant 64 districts avec une population de 710 000 habitants qui appartient majoritairement aux communautés autochtones.