Vers une culture de la paix et de respect au Mexique

 

« Si nous voulons changer le monde, nous devons commencer par changer nous-mêmes, et faire mieux ce que nous faisons », déclare Jorge Trujillo, un officier de police qui vient d'entrer en fonction à Ocosingo, dans l'État de Chiapas au sud-est du Mexique.

Être gardien de la paix est loin d'être un travail facile dans le Chiapas, une région en proie à des tensions dues au déplacement continu de milliers de personnes chassées de leurs terres au cours des affrontements violents de 1994 entre l'État mexicain et les révolutionnaires du mouvement zapatiste.

Le F-OMD a lancé un programme conjoint des Nations unies dans le but de réduire les conflits et tensions dans la région en renforçant le système de justice pénale, en améliorant la sécurité et en encourageant le développement d'une culture de la paix.Building mutual respect

 

Développer un respect mutuel

M. Trujillo, l'un des bénéficiaires du programme, explique qu'un des plus grands défis qu'il a eu à relever en tant qu'officier de police était de se faire respecter dans sa communauté. « Pour que les gens changent l'opinion qu'ils ont de nous, il faut que nous fassions bien notre travail et que nous apprenions comment traiter les gens, parce que c'est notre lot quotidien », nous dit-il.

Il nous explique que les cours de formation offerts aux services de police par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime lui ont permis d'apprendre comment travailler avec les gens et de reconnaître les difficultés traversées par sa communauté. « J'ai appris à comprendre les conséquences du déplacement dans une région où celui-ci est fréquent ; j'ai également compris comment et pourquoi nous devons être les premiers à répondre à ces problèmes de la façon voulue ».

Cette formation s'inscrit dans les travaux entrepris par le Fonds OMD en collaboration avec le gouvernement du Mexique pour réduire les inégalités en réduisant les conflits qui alimentent la pauvreté et la perpétuent. Le programme conjoint est présent dans 24 communautés du Chiapas, l'État le plus pauvre du Mexique, où près de la moitié des adultes sont analphabètes et 85 % des municipalités vivent en dessous du seuil de pauvreté.

Cette année, l'initiative pour la formation de la police a organisé quatre ateliers dans les municipalités de Ocosingo, Tila, et Tumbalá Salto de Agua. Ces ateliers ont permis de former 12 femmes et 27 hommes, sur des sujets aussi divers que le multiculturalisme et les visions du monde, l'identité et l'image de la police dans le Chiapas, les déplacements à l’intérieur de son propre pays, la citoyenneté et l'inclusion sociale, ainsi que les défis auxquels est confronté un officier de police.

Avant de rejoindre les forces de police, M. Trujillo faisait partie de l'armée où il a acquis la discipline et la vocation de travailler pour sa communauté. « C'est pour ça que je suis ici, j'aime servir et être un partenaire pour mes concitoyens ».

Apprendre à reconnaître la valeur de tout un chacun

Il nous explique les bénéfices importants qu'il a tirés de la formation dispensée par le programme conjoint, et combien il a été surpris par le dynamisme de cette formation. « J'ai appris quelque chose de tout à fait différent : d'une part vous m'apprenez des choses, mais d'autre part je vous en apprends aussi ; vous en apprenez à mon sujet, mais j'en apprends beaucoup de vous. Apprendre à reconnaître à chacun sa valeur est peut-être la meilleure chose que nous ayons reçue de ce programme. C'est important de savoir qu'on est écouté et que nos vues sont prises en considération ».

Le dévouement de M. Trujillo dans son travail et sa nature amicale lui ont permis d'être promu chef de groupe. Mais il reconnaît que son métier n'est pas sans risque. « Une des choses les plus difficiles à comprendre et que même si vous avez le désir le plus profond d'aider les autres, il y a des situations qui vous échappent », nous dit-il.

« Même si j'enlève mon uniforme, je reste un policier, même lorsque je joue au football, parce que tout le monde ne connaît. Si la police arrête quelqu'un et que cette personne est ensuite relâchée, parfois ce genre de personnes veut se venger sur moi lorsque nous nous rencontrons. Nombre d'entre elles ne réalisent pas que je fais mon travail. J'essaie de leur expliquer que s’ils n'avaient pas commis d'acte criminel, je n'aurais eu aucune raison de les envoyer en prison ».

M. Trujillo note que la formation reçue du programme conjoint lui a également appris l'importance de l'égalité entre hommes et femmes. Le fait d’entendre le point de vue différent de femmes l’aide à accorder de la valeur et à apprécier le travail de ses collègues féminins. Il note également que son caractère s'est amélioré après avoir mis en pratique quelques-unes des techniques qu'il a apprises au cours de la formation : « le dialogue et la communication sont importants. Si je suis content de moi, mon travail sera satisfaisant ».

Réduire la pauvreté en réduisant les conflits

Ce programme intitulé « Prévention des conflits, élaboration d'accords et maintien de la paix pour les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays dans l'État de Chiapas » est mis en œuvre par quatre agences de l'ONU (PNUD, UNESCO, UNICEF et ONUDC) en collaboration avec les administrations locales et de l'État, ainsi qu'avec des groupes de la société civile.

Le programme opère dans 24 communautés de personnes déplacées suite au conflit entre l'État mexicain et les révolutionnaires zapatistes afin d’apaiser les conflits et les tensions et encourager des solutions durables centrées principalement sur la réduction de la pauvreté et sur la promotion des droits des groupes vulnérables.

Le programme fait partie des travaux entrepris par le Fonds OMD pour réduire les inégalités et aider les gouvernements à travers le monde à réaliser les objectifs du Millénaire pour le développement de réduction de la pauvreté et d'amélioration des conditions de vie.

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